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À PROPOS

26- Autoportrait devant un Hommage à Hopper (photographie).jpg

« Je dois comprendre les causes de ces dérapages de cervelle. Je suis sûr que le processus a sa logique. Si je la découvre, je sais que je serai paisible à jamais. »

Note personnelle, 1952

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Charles Matton (1931–2008) fut peintre, sculpteur, photographe, scénariste, illustrateur, cinéaste. Son œuvre, par la multiplicité des médiums et des sujets, est celle d’un artiste total. Chaque canal répond à l’autre dans une dynamique circulaire : peintures, dessins, boîtes, films, sculptures, photographies, etc. — les formes se déclinent, se répliquent, s'encastrent, se poursuivent. Têtes, corps, nourrissons, piscines, immeubles, espaces : autant de motifs que l’artiste encercle, recompose, rejoue inlassablement. Comme le formule Jean Baudrillard : « On peut parler avec Matton de formes enceintes, informes encore, mais grosses, en filigrane, de multiples engendrements où les objets sont secrètement encerclés, circonscrits, environnés des différents stades de leur apparition de leur disparition. »

Maniaque, l’être était son angoisse ; le capturer sa thérapeutique. Apparition, disparition. Chair harmonieuse, chair déconstruite. Espaces pleins d'objets et vides d'humains, mais qui, entre les jeux de lumières et de miroirs, vibrent de ce frémissement qui, dans son absence même, préfigure l’humanité entière.

Matton aura laissé le langage ordinaire se fissurer, puis s’effondrer. Il se sera laissé chuter avec lui, puis il aura lentement remonté les échelons de cette « conscience fortifiée », comme il disait. Phénoménologue, Matton le fut certainement : tout son art et sa pensée transpirent la suspension du monde et de sa langue naturelle, leur ruine et leur restauration. 

 

Homme de paradoxes, politiquement inclassable, anarchiste et antimoderne, tendre, extrême — Françoise Sagan parlait de son « charme violent » —, ce qui ressort surtout des témoignages de ses proches et de ceux qui l’ont intimement connu, c’est une force de travail prodigieuse, et puis, et peut-être d'abord, une humanité rare, dense et entière.

Il repose depuis 2008 au cimetière du Montparnasse. Sa tombe est recouverte d’un miroir reflétant le ciel.

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