top of page

PHOTOGRAPHIES

Zouzou.jpg

« Le vrai pouvoir de la photographie s'exerce sur un territoire autre que celui du dessin. Elle excelle dans le témoignage, à propos de ce qui n'est plus, de ce qui est passé trop vite ou de ce qui est passé tout court. D'où ce parfum un peu morbide qui, souvent, se dégage d'elle. »

Charles Matton, Hatier, Paris 1991

______

La photographie entre très tôt dans le travail de Charles Matton. Dès 1966, "La Pomme ou l’histoire d’une histoire" entremêle images fixes, dessins et peinture dans un montage où les médiums se pénètrent, s'entremêlent. Matton photographie des objets, des murs, des visages, des fragments de corps. Il utilise des procédés rapides de reproduction comme le photostat — une technique employée pour obtenir des négatifs sur papier photosensible, sorte d’ancêtre du photocopieur. Ces images, tirées en grand, exposées parfois telles quelles, acquièrent progressivement un statut d’œuvre : leur frontalité, leur échelle, leur opacité les imposent comme des surfaces autonomes, entre archive et tableau.

Dans les années 80, un glissement s’opère. Il ne photographie plus des lieux existants, mais construit des lieux pour les photographier. Ces intérieurs — pièces, escaliers, salles de bains — sont fabriqués avec un soin maniaque, éclairés, mis en scène, puis figés par l’appareil. Ces constructions deviennent peu à peu des boîtes : d’abord pensées comme décors, elles gagnent progressivement leur autonomie.

Il se met aussi en scène. Nu, seul, tendu. Dans des autoportraits construits comme des tableaux, parfois doux, parfois durs,  ambigus. Ces photographies n’ont rien de biographique. Elles rejouent le même mouvement : cadrer, recomposer, s’exposer au regard.

Chez Matton, la photographie est un outil d’intelligence visuelle. Elle n’arrête rien : elle met en jeu. Elle permet de reprendre. D’entourer. De revenir, autrement.

bottom of page